La situation militaire constituait plus que jamais le premier sujet de préoccupations. On demandait des nouvelles et l’on se plaignait de l’imprécision de celles fournies par la presse. La propagande britannique tentait de son côté de tirer parti de ces circonstances en acheminant vers le continent des exemplaires traduits de la « Gazette de Londres » et des lettres russes de Pétersbourg qui, à vrai dire, ne faisaient que confirmer ce dont les lecteurs se doutaient déjà, en y ajoutant des détails de véracité variable. Il était notamment question de la destruction de 120 000 soldats entre Moscou et Wilna et de la perte de 600 pièces d’artillerie. Certains de ces feuillets arrivaient par l’intermédiaire de bateaux munis de licences qui circulaient toujours entre Ostende et la Grande-Bretagne[1]. Les navires britanniques en distribuaient également lors d’abordage de pécheurs rencontrés au large des côtes de l’ancienne France et du pays basque[2]. Ainsi à Saint-Sébastien, le capitaine de Gendarmerie, Médard Bonnart note dans son carnet :
« Le 25 décembre, une frégate anglaise, avec pavillon américain, parut à portée de canon du môle. Des langes l’ayant reconnue, elle prit des hommes qu’elle renvoya ensuite, en les chargeant de remettre au gouvernement un paquet qui était à son adresse. Il renfermait les nouvelles de la Grande Armée française en Russie, que l’on disait avoir été gelée presqu’entièrement. […] Quoique les récits venant de l’ennemi ne fussent point regardés comme véritables, la consternation ne s’en répandait pas moins parmi nous. […] Le 29e bulletin confirma ce qui avait été annoncé »[3].
Dans la première quinzaine de janvier 1813, les Français eurent un peu plus d’informations officielles sur le sort de l’armée, depuis le jour où l’Empereur s’en était éloigné. Ces nouvelles d’ordre militaire auraient produit une baisse de l’activité rumorale en donnant quelques points de repère[4].
« Il ne circule rien sur nos armées que ce qui a été publié par les bulletins »[5].
« Les bulletins de la Grande Armée et les journaux ne disaient qu’une partie de la vérité. Ce fut par les lettres particulières, par les récits de ceux qui échappèrent au désastre, qu’on put se faire une idée de ce qui s’était passé »[6].
Ce climat d’incertitude et de confusion favorisait l’éclosion et la diffusion des bruits les plus divers. Outre les considérations relatives à l’ampleur des pertes[7] et notamment à la faiblesse de la cavalerie, les bruits faisaient surtout état de la mésentente qui régnait dans l’armée (rixes entre soldats et officiers). Une rumeur voulait même que Murat ait blessé le maréchal Berthier d’un coup de sabre.
« Dunkerque – Le commissaire de police a fait savoir que le sieur Verharne, instituteur, avait répandu de fausses nouvelles sur la Grande Armée et qu’il avait avoué les avoir reçues de personnes inconnues. Le commissaire pense qu’il doit être puni par une destitution ou autre mesure »[8].
« Lyon – Bruits : Le 5 de ce mois, on a répandu dans la ville… et surtout à la bourse divers bruits dont les lettres de Paris ont paru la source : « Mécontentement général à Paris ; propos publics conte le gouvernement ; changement prochain de plusieurs ministres ; révolte à la Grande Armée ; meurtres du roi de Naples et du général Baraguey-d’Hilliers par les révoltés ; marche de cette armée rebelle sur Paris où l’on rassemble des troupes par ce motif ; renvoi du Pape à Rome et réintégration dans tous ses droits de souveraineté pour créer un nouveau parti, etc. ». Le commissaire général observe que la bourse n’est pas assez surveillée par la mairie ; que des oisifs et malveillants s’y introduisent pour répandre de fausses nouvelles sous prétexte de lettres réelles ou supposées et que ces nouvelles se colportent ensuite dans les familles et les sociétés. Le ministre donne des ordres pour la recherche des personnes qui répandent ces bruits »[9].
« Les nouvelles colportées depuis quelques jours de Strasbourg et de la rive droite du Rhin, tendent à exagérer, de la manière la plus inquiétante, les pertes de la Grande Armée, et les revers que l’on prétend qu’elle a éprouvés depuis le départ de Sa Majesté »[10].
« Esprit public : Les bruits sinistres venus de l’Allemagne et la Suisse pendant que nos armées combattaient en Russie, ont exercé peu d’influence et ont trouvé peu de crédit. Non seulement ils n’ont donné lieu à aucun trouble, mais ils ont été accueillis avec le calme le plus profond et avec une confiance sans bornes dans le génie qui dirige les destinées de l’Europe »[11].
« Une opinion défavorable car on se plaint, on gémit de ses maux, de ceux de l’État, et dans l’éloignement on peut se méprendre sur les sentiments de ceux qui laissent échapper l’expression de leurs peines. Je ne vois rien qui tienne à la malveillance, au dénigrement, aussi vais-je dire en gros ce que j’ai recueillis. […] On a dis que les troupes étaient en révolte ouverte, que l’armée n’obéissait pas et avait perdu toute discipline. On a enfin dit que nous avions été obligés d’évacuer Königsberg, et que nous nous retirions derrière la Vistule, ou même l’Oder, que pour punir le roi de Prusse de la défection de ses troupes. […] On parle de la guerre, on gémit de ses suites, des malheurs qu’a éprouvé notre armée, mais on fera tout ce que Sa Majesté ordonnera pour la campagne prochaine : on obéira »[12].
A cette sédition orale s’ajoute l’apparition régulière d’affiches, billets, vers satiriques ou burlesques, pamphlets et même de chansons, contre le régime napoléonien. Ces pratiques clandestines étaient fréquentes durant les périodes 1805-1806 et 1809-1814[13]. Plusieurs arrestations eurent lieu dans les grandes villes : Des opposants farouches, des anonymes hostiles, mais également de simples partisans qui avaient ces textes en leur possession. L’un de ces rares textes, découvert par la police sur une affiche des murs de Paris, nous est conservé :
« On a perdu une armée de quatre cent mille Français. Si quelqu’un vient à la trouver, il en donnera avis au prince locataire du château des Tuileries »[14].
D’autres bulletins des autorités vont dans ce même sens :
« Nice – On a trouvé deux placards portant que l’armée, en continuant sa retraite, a achevé le passage du Styx »[15].
« Meuse – Le 25 décembre, 2 écrits anonymes, de 5-6 lignes, en très mauvais français, ont été mis sous la porte du maire de Clermont, près de Verdun, et sous celle de l’écurie des gendarmes ; on engage ces derniers à cesser de servir l’Empereur et on injurie Sa Majesté. On engage le maire à diminuer le prix du pain et on le menace en cas de changements politiques »[16].
« Strasbourg – Après la découverte d’un placard séditieux en allemand sur la porte de l’église Saint-Nicolas. On a trouvé, près de la place d’armes, un placard pareil (plaintes contre les Droits réunis, le service militaire, la cherté du pain, provocation à la révolte, menace de l’explosion du magasin à poudre) »[17].
L’inquiétude de la population portait également sur les nouvelles charges qu’on allait bientôt l’accabler. Partout, on parlait de levées de conscrits, de réquisition de chevaux et d’augmentation des impôts. On craignait davantage encore la levée du second ban de la Garde nationale (ce qui était moins réaliste et s’avéra sans fondement). Le second ban de la Garde nationale n’avait, théoriquement, à remplir qu’une mission défensive. Il regroupait les hommes âgés de 26 à 40 ans, c’est-à-dire des individus, qui, en pratique, espéraient être définitivement à l’abri de tout service militaire.
« Les revers n’avaient point encore domptés ce caractère de bronze, et, loin de renoncer à aucune de ses prétentions à la suprématie européenne, il n’était revenu, disait-on, que pour réunir toutes les ressources de l’Empire, ressaisir la victoire et réparer les désastres de la dernière campagne »[18].
« Mons, comme toute la France, tressaillait d’épouvante à l’annonce de cette catastrophe sans exemple. On prévoyait un redoublement de sacrifices en hommes et en argent »[19].
« Les familles alarmées pour les enfants qu’elles ont sous les drapeaux, ont vu avec douleur ceux qui leurs restent comprend dans un nouvel appel »[20].
« Je dois à la justice de dire que tous mes administrés ont appris avec joie le retour de l’Empereur dans la capitale et que ce bonheur a été généralement senti. Cependant cette heureuse nouvelle qu’avait précédée de très peu le dernier bulletin de la Grande Armée, a bientôt fait croire que de puissants secours étaient nécessaires. […] Dans un département aussi pauvre que celui-ci et qui se trouve épuisé d’hommes et d’argent, les craintes se sont multipliées à l’infini et quoique dénuer de toute espèce de fondement n’ont pas moins produit un très mauvais effet »[21].
Hormis certaines villes, comme Caen qui fait de nouveau parler d’elle[22], la conscription dans les départements français se passe relativement sans obstacle :
« Monseigneur, La manière empressée avec laquelle les communes, les fonctionnaires et les corporations du département du nord ont secondé l’élan généreux qui rend dans le moment la France si respectable aux yeux de l’Europe ; La ponctualité avec laquelle se font les opérations de la conscription ne laissent aucun doute sur le bon esprit des habitants. On est, à la vérité, généralement affecté des malheurs que la saison a fait peser sur nos armées, et plusieurs familles sont dans le deuil. On voit avec peine que l’ennemi, profitant de ce désastre occupe des pays que nous avons dû abandonner, mais on est loin de croire ces malheurs irréparables et chacun attend du retour de la belle saison et des grands moyens que le génie de notre Empereur à su créer en un instant, que bientôt l’ennemi sera repoussé dans ses affreux déserte. Je ne pourrais point garantir que quelque fois il n’y ait en circulation des bruits hasardés et peu tranquillisantes ; mais ils ne sont que le bruit de l’oisiveté de quelque individu, et on ne les accueille généralement par en un mot je ne crois pas qu’il y ait, sous le rapport de l’opinion publique plus de calme et de tranquillité dans aucun autre département. Tous mes administrés, je le répète, paraissent animés du meilleur esprit »[23].
« Tous manifestent le plus grand attachement à Sa Majesté et ont en elle la plus grande confiance. Son départ est attendu avec impatience et semble être le gage de nouveaux succès. Des levées très fortes ont eu lieu pendant ce trimestre dans ce département en hommes et en chevaux. Elles ont eu lieu avec le plus grand empressement et ce département mérite les plus grands éloges pour le zèle que les conscrits et les habitants ont montré dans cette circonstance »[24].
Les préfets reçurent des instructions du ministre de l’Intérieur visant à ce qu’ils obtiennent des villes et cantons de leurs départements de cavaliers montés et équipés. Suivant l’exemple des Institutions[25] et de la ville de Paris[26], Montalivet souhaitait que la réponse à cette requête paraisse sous la forme de dons spontanés et qu’elle s’accompagne de l’envoi au monarque d’adresses de dévouement et de fidélité :
« Esprit public : C’est toujours par des résultats non équivoques que nous jugeons de l’esprit public. […] Chacun s’est empressé de contribuer à la fourniture des chevaux demandés par le décret du 5 janvier, et de plus tous les cantons se sont empressés d’offrir des cavaliers équipés et montés. Cet empressement ne laisse aucun doute sur l’esprit qui anime les habitants sur leur dévouement au gouvernement et au chef suprême de l’Empire »[27].
Le degré de priorité à reconstituer une armée montée diffère également selon que les départements soient frontaliers ou non. Il faut voir probablement dans ce patriotisme, un intérêt de certaines villes frontalières (Bois-le-Duc et Strasbourg) dans la défense du Premier Empire[28]. A la ville comme à la campagne, beaucoup d’hommes tentèrent « par tous les moyens »[29], de contourner l’incorporation aux armées. Outre la désertion[30], le mariage, et plus encore la naissance d’un enfant, mettaient en règle générale les hommes à l’abri. Les appels étant rétroactifs, ils suscitent souvent une vague d’unions : 220 000 en 1812, 187 000 en 1813, alors que la moyenne des années précédentes s’établissait à environ 184 000 mariages par an[31]. Le cœur et la raison n’y étant forcément présent, ils créèrent souvent des situations domestiques inextricables[32]. Parfois, le nombre d’union étant tellement disproportionné dans certaines circonscriptions, qu’il en alarma les autorités. Des préfets durent défendre de les enregistrer. Le 7 janvier 1813, le secrétaire particulier de la Police du département de l’Indre fît cette remarque dans son rapport au ministre de l’Intérieur :
« La crainte d’un appel extraordinaire de la conscription fait faire un nombre considérable de mariages parmi les conscrits non encore appelés »[33].
Le 13 janvier 1813, Murat, préoccupé par le sort de ses propres États, se déchargea de son commandement sur les épaules du prince Eugène de Beauharnais, vice-roi d’Italie, et prit le chemin de son royaume. En France, ce changement suscita diverses appréciations. On prétendait tantôt qu’il n’avait pas été à la hauteur de sa tâche, tantôt qu’il avait trouvé la mort. On évoqua un acte de désertion et une disgrâce. Quelques-uns le croyaient déjà interné à Vincennes. En ce qui concerne le nouveau commandant de la Grande Armée, certains voient en Eugène un chef solide, capable de faire ressusciter la défense avec l’aide du duché de Varsovie. D’autres remarquent que son jeune âge[34] ne le rend apte à exercer ce commandement. Mais progressivement, il suscite l’admiration dans l’opinion publique, par sa gestion des milliers de soldats restants, dans un contexte déterminant où la gravité de la retraite de Russe se fait de plus en plus ressentir. En cinquante jours, de Posnau jusqu’à Leipzig, il permet d’éviter plusieurs encerclements et réalise la jonction avec la nouvelle armée de conscrits livrée par l’Empereur[35].
Recherchant de nouveau une stabilité auprès des couches populaires, Napoléon tenta de reprendre l’assise des catholiques en marquant sa volonté de se réconcilier avec une partie du clergé. Le clergé n’était pas exempt de provoquer quelques agitations dans le pays : Refus de certaines paroisses de procéder aux confirmations lorsqu’elles étaient faites par un évêque seulement nommé, prêches antigouvernementaux[36], lectures douteuses[37], libelles séditieuses à l’entrée des églises, refus de dire les prières pour l’Empereur[38] étaient courant. Depuis 1809, le pape Pie VII était retenu prisonnier par le régime. On l’avait déplacé à Fontainebleau en juin 1812. En le rapprochant de la capitale de l’Empire, on espérait forcer le Saint-Père à reculer sur la « grève » des investitures, l’excommunication de l’Empereur et, plus généralement, ses rapports avec l’État. Le doux et ferme Pie VII n’allait pas se laisser impressionner et la fronde religieuse se poursuivit. Napoléon fit ainsi une concession majeure en acceptant que, dans chaque province ecclésiastique, le métropolitain ou à défaut le plus ancien évêque, puisse instituer canoniquement les évêques nommés par l’Empereur. Cet accord préliminaire, signé le 25 janvier 1813 n’était pas destiné tel quel à publication. Napoléon ne s’embarrassa pas de ce détail et fit immédiatement connaître, à grand bruit, la conclusion de ce nouveau concordat[39]. A défaut d’une paix des armes, les autorités assuraient au maintien de l’illusion d’une paix religieuse.

Source : « Deux grenadiers », artiste inconnu, milieu du XIXe siècle, huile sur toile, Musée de la Guerre Patriotique de 1812, Moscou.

Source : « La retraite du dragonnier », K. Pulatsky, huile sur toile, 1899, Musée de la Guerre Patriotique de 1812, Moscou.

Source : Matveyef, guisarmier de la milice du gouvernement de Saint-Pétersbourg, service militaire dans ce compagnonnage en 1812, Musée de la Guerre Patriotique de 1812, Moscou.
Notes :
[1] Le carton F7 6352 des Archives Nationales contient une petite partie du procès verbaux d’interrogatoires de capitaines de navires revenant d’Angleterre dressés par le commissaire spécial Rosily. Des questions portant notamment sur les nouvelles circulant en Angleterre, mais les réponses sont généralement succinctes. Le dernier de ces procès verbaux conservé est daté du 12 juin 1813.
[2] Archives Nationales, cartons F7 3777, F7 3778, F7 3729, bulletins de police des 30 décembre 1812, 5 janvier 1813, 30 janvier 1813 et 3 février 1813.
[3] Médard BONNART (1775-1828), Histoire de Médard Bonnart, capitaine de gendarmerie en retraite, Epernai, 1828, rééd. sous le titre de Souvenir d’un capitaine de gendarmerie, Maisons-Alfort, Service Historique de la Gendarmerie Nationale, 2004.
[4] Extrait du bulletin de Savary adressé à l’Empereur du 29 janvier 1813, suite à la publication du Moniteur du 27 janvier 1813, Archives Nationales, F7 3778.
[5] Extrait de la lettre du préfet du département du Cantal au ministre de l’Intérieur, Aurillac, 4 janvier 1813, Archives Nationales, F1/cIII/Cantal/8.
[6] George SAND (1804-1876), Histoire de ma vie, ouvrage dirigé par Michel Zink et Michel Jarrety, Paris, éd. Classique de poche, 2004, volume 3, chapitre 5, p. 751-752.
[7] On sut notamment que les pertes, depuis Wilna jusqu’à la Vistule, avaient été encore plus grandes que de Smolensk à Wilna. La défection du général York et des troupes prussiennes qui faisaient partie du corps d’armée ne laissant aucun doute sur la prochaine défection de la Prusse. – Voir Etienne-Denis PASQUIER (1808-1844), Histoire de mon temps. Mémoires du chancelier Pasquier, publiés par M. le duc d’Audiffret-Pasquier, Paris, 1893-1894, tome II, p. 49.
[8] Rapport du commissaire général de Boulogne du 31 décembre 1812, repris dans le bulletin de Savary adressé à l’Empereur du dimanche 3 et du lundi 4 janvier 1813, Archives Nationales, AF IV 1525.
[9] Extrait du bulletin de Savary adressé à l’Empereur du jeudi 14 janvier 1813, Archives Nationales, AF IV 1525.
[10] Extrait de la lettre du préfet du département du Haut-Rhin (Félix Desportes) au ministre de l’Intérieur, Colmar, 8 janvier 1813, Archives Nationales, F1/cIII/Haut-Rhin/11.
[11] Extrait du « Compte statistique de la situation du département du Haut-Rhin pendant l’année 1812 », envoyé par le préfet (Félix Desportes) au ministre de l’Intérieur, Colmar, 20 janvier 1813, Archives Nationales, F1/cIII/Haut-Rhin/7.
[12] Extrait de la lettre du préfet du département de l’Aube (Charles-Ambroise de Caffarelli du Falga) au ministre de l’Intérieur, Troyes, 28 janvier 1813, Archives Nationales, F1/cIII/Aube/ 8.
[13] Nous verrons à ce sujet : Christian JOUHAUD, « Lisibilité et persuasion. Les placards politiques », dans Roger Chartier (dir.), Les usages de l’imprimé (XVIe-XIXe siècle), Paris, éd. Fayard, 1987, p. 309-340.
[14] Archives Nationales, F1/c IIII/Forêts/6, 4 mars 1813.
[15] Rapport du préfet du département des Alpes-Maritimes (Marc-Joseph de Gratet Dubouchage) du 13 janvier 1813, repris dans le bulletin de Savary adressé à l’Empereur du samedi 23 janvier 1813, Archives Nationales, AF IV 1525, minute du bulletin à la cote F7 3729.
[16] Bulletin de Savary adressé à l’Empereur du vendredi 1er et samedi 2 janvier 1813, Archives Nationales, AF IV 1525.
[17] Rapport du commissaire général, repris dans le bulletin de Savary adressé à l’Empereur le vendredi 25 et 26 décembre 1812, Archives Nationales, AF IV 1524.
[18] Louis-Gustave DOULCET DE PONTECOULANT (1764-1853), Souvenirs historiques et parlementaires du comte de Pontécoulant, ancien pair de France, extraits de ses papiers et de sa correspondance, Paris, 1861-65, tome III.
[19] P.-P.-J. HARMIGNIES et N.-J.-H. DESCAMPS, Mémoires sur l’histoire de la ville de Mons, 1780-1814, déposé aux AEM, Mons, éd. Papiers d’Érudits, 1882, p. 257.
[20] Extrait de la lettre du préfet du département du Calvados (Alexandre Méchin) au ministre de l’Intérieur, Caen, 4 mars 1813, Archives Nationales, F1/cIII/Calvados/13.
[21] Extrait de la lettre du préfet du département de la Creuse (Camus Dumartroy) au ministre de l’Intérieur, Guéret, 6 janvier 1813, Archives Nationales, F1/cIII/Creuse/9.
[22] « Caen – Il y a eu plus de 200 réfractaires sur la dernière levée. On sera forcé au dépôt de droit pour les remplacer. Le préfet se propose de faire afficher dans chaque canton la liste des réfractaires et celle des conscrits qui doivent marcher pour eux et dont l’intérêt sera d’agir contre les premiers. Il en résultera des haines et des vengeances. » (Bulletin de Savary adressé à l’Empereur le mardi 5 janvier 1813, Archives Nationales, AF IV 1525) ; « Caen – On a montré un mauvais esprit concernant les levées ordonnées ; on met peu d’empressement à fournir les 144 cavaliers du Calvados. La désertion est fréquente parmi les cohortes. » (Bulletin du dimanche 24 et du lundi 25 janvier 1813, Archives Nationales, AF IV 1525).
[23] Extrait de la lettre du préfet du département du Nord (Jean-Marie Valentin-Duplantier) au ministre de l’Intérieur, Lille, 11 mars 1813, Archives Nationales, F1/cIII/Nord/14.
[24] Extrait du « Compte de la situation politique et morale du département du Gard pendant le 1er trimestre de 1813 », envoyé par le préfet (Jean-Louis-André Rolland de Villarceaux) au ministre de l’Intérieur, Nîmes, 1er avril 1813, Archives Nationales, F1/cIII/Gard/7.
[25] Le 20 janvier 1813, Napoléon écrit une lettre de remerciements au président du Sénat : « Je reçois votre lettre et j’accepte les 300 chevaux de cuirassiers que les sénateurs offrent dans leur zèle pour remonter la cavalerie de la Grande Armée ». Il en informe ensuite Duroc : « Le Sénat a offert 300 chevaux, le Conseil d’Etat en a offert 100. Je les ai acceptés. Donnez-en avis au général Lefebvre-Desnoëttes qui commande la cavalerie de la garde et qui est chargé de leur réception ». – Nous verrons à ce sujet, Arthur CHUQUET (1853-1925), Inédits Napoléoniens, Paris, éd. E. de Boccard, 1914-1919, tome II, note 2016, p. 91.
[26] Archives Nationales, F1a 29/1, circulaire confidentielle de Montalivet aux préfets, 16 janvier 1813. La ville de Paris offrît 500 chevaux à la cavalerie, celle de Tours en offra 8 et Chinon, 3. – Nous verrons à ce sujet, Claude BAILLY, artisan sellier à Chinon au n°27 de la rue Saint-Etienne, Journal d’un artisan Tourangeau, 1789-1830, présenté et commenté par Luc Boisnard, Chambray-lès-Tours, éd. Cahiers du Livre et du Disque, 1989.
[27] Extrait du « Compte de la situation politique et morale du département du Vaucluse pendant le 1er trimestre de 1813 », envoyé par le préfet (Carl-Gérard Hultmann) au ministre de l’Intérieur, Avignon, 17 avril 1813, Archives Nationales, F1/cIII/Vaucluse/6.
[28] « Strasbourg – Le 29e bulletin a causé une vive sensation à Strasbourg. Un habitant… que le commissaire général ne nomme pas lui a écrit que dans la situation où se trouvait l’armée, tout bon Français devait donner une preuve de son dévouement. Il a offert 10 000 francs en numéraire et 2 chevaux. », bulletin de Savary adressé à l’Empereur du dimanche 27 et lundi 28 décembre 1812, Archives Nationales, AF IV 1524. Les bonnes dispositions de la ville de Strasbourg à la réquisition des chevaux sont signalées de nouveau dans le bulletin du vendredi 22 janvier 1813 ; « Bouches-du-Rhin – Tous les habitants de ce département montrent un bon esprit dans les circonstances actuelles. Les opérations préliminaires pour les chevaux demandés sont terminées. […] Les propriétaires se cotisent pour fournir des chevaux d’une valeur supérieure à ceux qu’on pourrait livrer pour les prix fixés. », rapport du préfet (Nicolas Frémin de Beaumont) du 16 janvier 1813, repris dans le bulletin du samedi 23 janvier 1813, Archives Nationales, AF IV 1525.
[29] Le préfet de la Seine-Inférieure écrira « J’ai vu des jeunes gens se faire arracher toutes les dents pour ne point servir. D’autres qui sont parvenus à les carier presque toutes en employant des acides ou en mangeant de l’encens. Quelques-uns se sont fait des plaies aux bras et aux jambes par l’application de vésicatoires, et pour rendre ces plaies, pour ainsi dire incurables, ils les ont pansées avec de l’eau imprégnée d’arsenic… ».
[30] Les encouragements à la désertion se multiplient au mois de février 1813. « Caen – Les conscrits de 1814 ont un très mauvais esprit, disant hautement qu’ils refuseront de partir et déserteront. Ils sont encouragés par les mouvements de déserteurs dans la Sarthe et la Mayenne, des élèves de l’école de droit ont reçu des encouragements anonymes à déserter ; de faux bruits circulent en ville. », bulletin de Savary adressé à l’Empereur du jeudi 4 février 1813, Archives Nationales, AF IV 1525, minute à la cote F7 3729.
[31] On note un relèvement notable de la natalité durant le Premier Empire, passant d’une moyenne quinquennale de 912 800 au début du règne à 930 000 à la fin.
[32] La conscription a induit nombre de mariages mal assortis. Des jeunes hommes se forcèrent à prendre pour épouse des femmes âgées ou folles. – Voir Jennifer HEUER, « Réduit à désirer la mort d’une femme qui peut-être lui a sauvé la vie – La conscription et les liens du mariage sous Napoléon », dans Guerre(s), société(s), mémoire, n° spécial des A.H.R.F., n°348, avril-juin 2007, p. 25-40.
[33] Extrait de la lettre du secrétaire particulier de la Police du département de l’Indre au ministre de l’Intérieur, Châteauroux, 7 janvier 1813, Archives Nationales, F1/cIII/Indre/7.
[34] Eugène de Beauharnais (1781-1824) est alors âgé de 31 ans.
[35] La stratégie militaire employée par Eugène de Beauharnais suscitera l’admiration de l’opinion publique. Napoléon, lui-même dira : « Nous avons tous commis des fautes, Eugène est le seul qui n’en ait pas fait ».
[36] « Le 6 décembre 1812, le sieur Arbel, curé de Roanne (Loire), qui s’était fait remarquer en refusant des obsèques, a prononcé à la cérémonie du couronnement un discours répréhensible en plusieurs endroits ; Il l’a terminé par un tableau effrayant de la situation. On informe le ministre des Cultes. », bulletin du police du mardi 22 décembre 1812, Archives Nationales, AF IV 1524, minute de ce bulletin à la cote F7 3728 et copie du ministère de la Police à la cote F7 3777. Une scène similaire se déroule à Saint-Pierre de Saumur où un vicaire évoqua dans un sermon les malheurs des temps, la guerre et la détresse du peuple (Hubert LANDAIS, Histoire de Saumur, Toulouse, éd. Privat, 1997, p. 268).
[37] Le 11 juillet 1812, la police procéda au retrait des rayons de la bibliothèque de Toulouse, l’ouvrage « Acta Sanctorum » du jésuite Bolland (XVIIe siècle). Ce livre, emprunté très fréquemment, comportait un passage extrait des « Miracles de sainte Zita » qui racontait comment, pendant cinq années, celle-ci avait été assaillie par deux démons : L’un se nommant Napoléon, l’autre Soldanus.
[38] Le bulletin de police du 25 juin 1812 nous indique que le vicaire de Bastia refusa de prier pour le souverain (Archives Nationales, AF IV 1523). Même scènes à Lyon, diocèse du cardinal Fesch.
[39] Malheureusement pour Napoléon, le souverain pontife se rétracta le 24 mars 1813. Mais cela n’empêcha pas la promulgation des articles de Fontainebleau comme loi d’Empire.