Afin de compléter le réseau terrestre, l’utilisation d’un réseau satellitaire s’avère indispensable :
– Premièrement, il soulage la pression sur la bande UHF : la couverture de l’ensemble du territoire en bande S permettra une diffusion de la télévision mobile sur toutes les régions où les fréquences UHF sont saturées ou d’utilisation difficile (zones désertiques, montagneuses ou frontalières notamment). Le surcoût en relais n’étant pas compensé par l’intérêt présenté par l’élargissement de la bande.
– Deuxièmement, il permet de diffuser la télévision mobile sur l’Europe de l’Ouest à un coût marginal : sur toutes les zones à faible densité de population (réseau routier et ferroviaire [1]), l’infrastructure satellitaire supprime la nécessité d’étendre un réseau terrestre. Le coût du réseau s’en trouve réduit de 50 %, soit 250 millions d’euros environ sur les cinq prochaines années pour couvrir 60 % de la population [2].
– Troisièmement, il stimule la concurrence au niveau des infrastructures : les opérateurs auront une possibilité réelle de choix entre infrastructures différentes permettant de fournir des services comparables. Les terminaux mobiles pouvant être compatibles avec la bande UHF et la bande S, permette ainsi aux utilisateurs de ne pas être captif d’un seul opérateur.
– Quatrièmement, il permet d’augmenter l’offre en termes de contenu, ouvrant la voie par exemple à des services locaux.
Dans cette voie, un appel à candidatures a été lancé par la Commission européenne. Deux candidats ont été retenu le 14 mai 2009 : Solaris Mobile Limited (jonction des opérateurs Eutelsat et SES Astra) et Inmarsat Ventures Limited. Ces deux entreprises se voient accorder par les États membres le droit d’utiliser les fréquences de la bande S (2 GHz : 1 980 – 2 010 et 2 185 – 2 200 MHz) et d’exploiter leur système mobile par satellite respectif [3]. Leurs engagements portent sur la zone de couverture du service : au moins 50 % de la population et 60 % du territoire terrestre des États membres entre juin 2011 (date d’ouverture du service) et mai 2016.
Solaris Mobile, a lancé le 3 avril 2009, depuis Baïkonour, avec une fusée Proton, le satellite géostationnaire W2A (à 36 000 km, position 10° Est). Pour minimiser les risques, W2A emporte avec lui 46 répéteurs en bande Ku, 10 répéteurs en bande C et une antenne pour la bande S. Ainsi, sur les 220 millions d’euros qu’a coûtés le satellite, seulement 20 % des coûts sont attribuables à l’exploitation des services de vidéo et de données vers les terminaux portables et les véhicules. Même si le satellite W2A est en orbite, il reste à ce jour des points à éclaircir :
- En raison d’un problème de panneaux solaires, l’antenne de W2A, une sorte de parapluie de 12 mètres de diamètre, voit sa performance de diffusion diminuée de 50 %. Si l’antenne ne peut être réparée depuis la plate-forme terrestre Spacebus 4000C4 de Thales Alenia Space, Eutelsat et SES Astra devront alors revoir leur plan : soit s’adapter à la puissance insuffisante de l’appareil, ce limiterait la qualité du service ou réduire le nombre de pays européens couverts (au lieu des 27 initialement envisagés). Soit relancer un nouveau satellite, ce qui risque alors de reporter de quelques mois l’ouverture du service. Une demande d’indemnisation a déjà été faite auprès des assureurs [4].
- Eutelsat et SES Astra disposaient de l’autorisation d’exploitation commerciale jusqu’en mai 2007 [5]. Cette autorisation provenant d’un accord de la Commission Européenne et de l’ARCEP (affectataire des bandes de fréquences concernées). Le montant des redevances dues étant fixé par décret [6].

Source : Photographies du satellite W2A dans une salle blanche de Thales Alenia Spaces, Cannes La Boca.

Source : Représentation du satellite W2A, Thales Alenia Space, Le satellite fut lancé le 3 avril 2009, Courtesy ILS International Launch Services.
Notes :
[1] Nous nous rapporterons au propos de Jean-François RODRIGUEZ de la direction marketing de France Télécom, article « La télévision mobile se branche sur le satellite », quotidien Les Échos, 4 octobre 2006.
[2] Voir les articles : « La télévision sur mobile espère trouver son salut dans le satellite », quotidien Les Échos, 10 avril 2009 ; « La télévision mobile en panne », revue Valeurs actuelles, 11 mai 2009.
[3] En référence à la décision n° 626/2008/CE du Parlement européen et du Conseil du 30 juin 2008 concernant la sélection et l’autorisation de systèmes fournissant des services mobiles par satellite (MSS).
[4] Nous verrons à ce sujet les propos d’Evert DUDOK, président d’Astrium Satellites, lors du Salon du Bourget 2009, revue Air & Cosmos, n° 2178, 26 juin 2009. Ainsi que l’article « La TV mobile d’Eutelsat et de SES Astra est mal partie », quotidien La Tribune, 15 mai 2009. Solaris Mobile est assurée en cas de défaillance du satellite à hauteur de 133 millions d’euros pour le seul programme de télévision mobile.
[5] Article « La télévision sur mobile espère trouver son salut dans le satellite », quotidien Les Échos, 10 avril 2009.
[6] Décret n° 2007/1532 du 24 octobre 2007 modifié par le décret n° 2008/656 du 2 juillet 2008 relatifs aux redevances d’utilisation des fréquences radioélectriques dues par les titulaires d’autorisation d’utilisation des fréquences délivrées par l’ARCEP.