Avant de rejoindre la tête de la Grande Armée, Napoléon, comme à son habitude, réparti les responsabilités entre ces ministres [1] et se préoccupa des prévisions de la situation économique du pays. L’opinion publique se déterminant, non seulement sur des faits politiques, mais également sur les salaires, journaliers ou annuels, et les fluctuations du prix du grain. Napoléon ne souhaitant d’aucune manière, une résurgence des traditionnelles émeutes de marchés [2], durant son absence et celle de troupes habituellement vouées au maintien de l’ordre public :
« Vous savez tous de quelle importance il est pour la tranquillité de la France, et notamment de Paris, que le pain soit assuré. J’ai vu dix émeutes qui n’auraient pas eu lieu si le peuple avait eu de quoi manger […] Il faut s’occuper sérieusement de cette affaire. Songez bien que lorsque la récolte est médiocre, il y a gène »[3].
Lors d’un conseil à Saint-Cloud, où furent présent Montalivet, Maret, Dubois, Réal et Regnauld de Saint-Jean-d’Angély, il axa ces demandes sur l’état des récoltes. D’après les comptes rendues trimestriels des préfets, Montalivet évalua que les récoltes futures seraient meilleure que celle de l’automne 1811, mais présentera apparemment des variations régionales. Les courbes de prix du seigle et de la pomme de terre auront tendance à l’augmentation. Le pain sera cher mais il ne manquera pas. Apprenant cette prévision, Napoléon se brusque :
« De qui donc croyez-vous, Monsieur, que nous nous occupions depuis deux mois… des riches !… Je m’en occupe bien vraiment !… Et qu’est-ce que cela me fait à moi, Monsieur, que vous ayez du pain ou que vous n’en ayez pas. Je sais qu’avec de l’or on en trouvera comme on en a trouvé, comme on trouve de tout avec l’or dans ce monde. Ce que je veux, Monsieur, c’est que le peuple ait du pain… c’est qu’il en ait beaucoup, et à bon marché… c’est que l’ouvrier, enfin, puisse nourrir sa famille avec le prix de sa journée. N’oublier pas que lorsque je serai loin de la France, le premier soin du pouvoir sera d’assurer constamment la tranquillité et le bonheur public, et que les subsistances forment le principal mobile de cette tranquillité, pour le peuple surtout »[4].
Au mois de février, Pasquier demanda qu’on lui fasse un état de la situation morale des 641 boulangers de la ville de Paris (530 000 habitants à l’époque). Le rapport [5] qu’il obtenu fut le suivant : On observe que les boulangers des quartiers populeux sont ceux qui sont les plus gênés, alors qu’ils fournissent la partie la plus importante de la population.
La question des premières soudures frumentaires se posa dès le mois d’avril 1812. En effet, en raison de pluies continuelles lors des moissons puis des battages, le Nord, la Somme, le Calvados et le Finistère connurent de graves pénuries[6]. Le froid et les vents touchèrent la Seine-Inférieure. Des brouillards et des chaleurs dans les Pyrénées Orientales. Dans ce contexte, l’éloignement de l’Empereur, l’enlisement de la campagne d’Espagne et le début de la campagne de Russie apparaissent en marge des réalités des Français.
« La disette qui affligea le plus grand nombre de nos départements au printemps de 1812 fut attribuée par quelques-uns à la cupidité de Napoléon et aux spéculations qu’il avait faites sur les sucres et sur les blés. […] Monsieur le comte Maret, frère du duc de Bassano, ministre en chef des subsistances, en était à ce point d’insouciance et d’incapacité qu’il mit en question chez le ministre de l’intérieur la subsistance de Rouen ou celle de Paris »[7].
La disette alimente des contestations muettes et occasionnellement des révoltes populaires : Des bousculades, voire des troubles plus sérieux eurent lieu sur les marchés dans les villes qui manquaient d’approvisionnement (Caen, Montlhéry, Rennes, Quimperlé, Saint-Aubin-du-Cormier, Castres, Mazamet, Chinon, Cévet, Libourne, Clamecy, Bergerac, Douai, Privas [8]). La situation de guerre accroît donc bien la vivacité des réactions à la crise économique.
Ainsi, à Caen, le 2 mars 1812, une foule en colère tenta de piller un entrepôt de céréales. Six personnes, dont deux femmes et un adolescent furent arrêtés. Elles furent passées par les armes le 15 mars 1812. Preuve de la dureté dans laquelle le régime entrait afin de répondre aux crises. Dans son rapport au ministre de l’Intérieur le préfet du Calvados écrit le 7 avril 1812 :
« Le lundi est toujours un jour difficile. Malgré l’extrême misère, les ouvriers le passent dans l’oisiveté et dans toute la débauche à laquelle ils peuvent se livrer… La halle était fort agitée, des femmes furieuses voulaient acheter les grains à un prix arbitraire et réclamaient la taxe. Dès que je fus sur la place, une foule considérable me suivit en criant : « Du pain et l’ouvrage… ». L’émeute avait également une base politique. Le bruit courut dans la foule que l’Empereur avait trouvé la mort à Moscou et qu’un Conseil de Régence avait été proclamé ».
A Chinon, le 6 mai 1812, plusieurs femmes se révoltèrent sur la place du marché contre les prix du boisseau de blé. L’une d’elles (Madame Bournigault) fut arrêtée et placée en détention pendant dix jours [9].
A Douai, au mois de juin 1812, un attroupement de femmes et d’orphelins demandèrent que le pain soit vendu au prix de quatre sous par livre, au lieu de six. Cette masse contestataire s’amplifia et en arriva à jeter des pierres sur les représentants de l’ordre. Puis elle se répandit dans la ville pour y commettre des dépravations contre les marchands de denrées. Dans quelques correspondances des familles aux soldats, la perception de cette détresse se ressent :
« Mon fils, les nouvelles du pays sont comme au moment de ton départ, le pain est cher ; il augmente tous les jours ; le vin se vend 28 francs le poinçon »[10].
« Mon cher fils, nous sommes très mal portante, occasionné par la peine et les misères que nous avons dans cette vie ; l’on ne peut pas avoir du bled, il n’en vient pas au marché ; les messieurs aisés de cette ville font tout leur possible pour pouvoir établir un grenier d’abondance, mais ils ne peuvent avoir que neuf à dix francs le décalitre. Pensez que n’ayant pas l’on ne pourra pas avoir ; le pain se vend huit sols la livre, et encore bien de la peine à en avoir ; je suis bien peinée de vous dire notre peine »[11].
« Je vous préviens que les vivres ont été bien rares dans notre contrée depuis plusieurs mois : les pommes de terre sont vendues 14 francs le résal [mesure local des Vosges] et le seigle 42, et le blé 60 francs »[12].
Face à la montée de la misère, certains citoyens franchissent alors le pas en direction de la marginalité, la délinquance et l’illégalité. On observe durant cette période (janvier-avril 1812, avec une « pointe » des signalements à la mi-février) un accroissement des actes de brigandages, vols de comestibles dans les fermes, les moulins, sur les péniches à quai dans les ports ou au moment des déplacements des grains [13], menaces contre les propriétaires (boulangers, notables et négociants) et les organes locaux du pouvoir (magistrats et maires) [14]. La contrebande à caractère spéculatif se développe également. Les meuniers et les boulangers font des trafics sur les grains. De curieuses reconversions commerciales de circonstance apparaissent comme celle opérée par Bertrand Lafarge en mai 1812 à Arles, « qui renonça à son état de boucher pour ne faire plus que du pain pour les Espagnols ; il n’en vend pas une livre aux habitants de la Commune et publiquement, il le fait charger sur des mulets pour l’Espagne »[15].
Des bruits persistèrent pendant tout les mois suivant et coïncidèrent avec la phase aiguë de la crise de disette. Le 14 avril 1812, le préfet de la Seine-Inférieure en informait le ministre de l’Intérieur :
« On répand ici la nouvelle de séditions très graves à Amiens et à Lyon ; dans cette dernière ville, le peuple aurait désarmé la troupe et tiré le canon sur elle »[16].
« Le peuple se nourrit de son, d’herbes trempées dans du lait et du sang de bœuf »[17].
« On fait circuler sur les bords de mer les bruits les plus absurdes et les plus fâcheux. Des étrangers bien vêtus ont été remarqués parcourant la côte et se plaisant à donner les nouvelles les plus alarmantes. La révolte de Lyon est toujours mise en avant ; on ajoute que l’Ambassadeur de Russie a pris la fuite, que l’Impératrice elle-même s’est retirée d’Allemagne ».
Les 4 et 8 mai 1812, le gouvernement obligea les producteurs à déclarer leurs stocks et à vendre les grains sur le marché. Tous ceux effectuant une fausse déclaration, en vue de spéculations ultérieures, pourront être condamnés à dix ans de réclusion. Le prix maximum de l’hectolitre de blé est fixé à 33 francs, 23 francs pour le méteil et le seigle, 22 francs pour l’orge en région parisienne, laissé à la discrétion des préfets en province. On pourra l’acheter plus bas que la taxe, mais non plus haut. Ces mesures gouvernementales furent appliquées dans l’Empire par les préfets et la police des grains aux alentours du 15 mai. Des marchés furent approvisionnés au moyen de réquisitions. Plusieurs distilleries se virent interdire également toutes fabrications de bières et d’eau-de-vie [18].
Le 30 juin 1812, Pasquier constata son impuissance et fît reconnaître la faillite des grains par le conseil des subsistances [19]. Afin de remédier à cette crise, les autorités administratives eurent accord au développement des distributions de soupes [20], des secours aux indigents et de rares tentatives d’ouverture de nouveaux chantiers (Faute d’écouler leurs marchandises, plusieurs fabriques avaient fermées : Le chômage touchait less deux tiers des ouvriers de Caen et de Mulhouse, un tiers des ouvriers de Paris, 1200 ouvriers à Rennes [21]). Nombres d’initiatives personnels (fournées de pain bis, dons anonymes) se sont multiplier et firent également des effets positifs [22].
Jusqu’au début des moissons, la situation resta tendue. Elle fut presque dramatique en juin et juillet. A Rouen, la situation commença à s’améliorer qu’à partir de la seconde moitié de juillet, lorsque par voie de terre ou d’eau, les grains arrivèrent depuis la Ruhr et les autres départements rhénans, et de Hollande. Lyon et le Rhône évitèrent également les effets dangereux de la disette grâce à des importations de Souabe et du Palatinat. L’Empire disposait en effet de zones d’approvisionnement plus vastes que l’ancien gouvernement royal ou la France révolutionnaire. Heureusement, dans de nombreuses régions, les récoltes furent bonnes, en tout cas, par comparaison avec les années antérieures.
Dans toutes ces révoltes de l’année 1812, on est frappé du faible appui masculin et du peu de répercussions politiques, compte tenu d’habitudes des réactions populaires engendrées par la Révolution française. S’il y eut désaffection des classes ouvrières à l’égard du régime, celle-ci ne se traduisirent pas par des manifestations violentes. En revanche, la crise accentua le mécontentement des classes bourgeoises.

Source : Jean TULARD, Nouvelle histoire de Paris, Le Consulat et l’Empire, 1800-1815, Paris, édition Hachette, 1970. Un sac de farine équivaut à 16 myriagrammes (325 litres). En avril 1812, lorsque le prix du sac de farine atteignait son maximum, le coût d’un pain de 4 livres était de 18 sols.

Source : Archives Nationales, F1/cIII/Moselle/9.

Source : Archives Nationales, F1/cIII/Sèvres(Deux-)/7.
Notes :
[1] Napoléon confia le pouvoir à Cambacérès, à charge pour lui de régler directement les affaires courantes. Le reste devait être transmis à l’Empereur en campagne. Les lettres de Cambacérès à Napoléon pendant la campagne de Russie n’ont pas été retrouvées, malheureusement (Jean TULARD (1933-), Cambacérès, lettres inédites à Napoléon, 1973, tome II, p. 843). Nous n’avons pas pu retrouver l’acte juridique par lequel Napoléon confia l’intérim à Cambacérès. Selon le baron Méneval, il s’agit d’un ordre de service, ce qui est plausible puisque c’est ainsi qu’avait procédé Napoléon dans le passé. – Nous verrons à ce sujet, Claude-François MENEVAL (1788-1859), Napoléon et Marie-Louise, Paris, éd. 1957, tome I, p. 108. Ainsi, durant ses huit mois d’absence, Napoléon signa bon nombre de décrets. Par exemple, à Vitebsk, le 7 août 1812, il parapha une vingtaine de textes, puis un nombre aussi important à Smolensk le 24 août, dont un important décret sur le traitement des receveurs municipaux. On data ainsi de plusieurs villes russes les textes qui régissaient la vie administrative ou fiscale de l’Empire. Plusieurs autres furent signés à Moscou dont, par exemple, la décision de prélever des centimes additionnels dans certains départements pour la réparation et l’entretien de certaines routes. L’archichancelier devait s’appuyer sur le Conseil des ministres. Rappelons pour mémoire que le gouvernement comptait alors douze ministres, nombre maximum de l’épisode napoléonien. Dix restèrent à Paris : Savary (Police générale), Clarke (Guerre), Lacuée de Cessac (Administration de la guerre), Decrès (Marine et colonies), Regnier (Justice), Montalivet (Intérieur), Bigot de Préameneu (Cultes), Collin de Sussy (Manufactures et commerce), Gaudin (Finances), Mollien (Trésor public). Deux ministres avaient accompagné l’Empereur : Maret (Relations extérieures) et Daru (Secrétairerie impériale). Le premier s’installa à Wilna pendant la campagne. Le second suivit le quartier impérial.
[2] Richard COBB (1917-1996), La protestation populaire en France, 1789-1820, Paris, éd. Calmann-Lévy, 1989.
[3] Laure-Permon JUNOT D’ABRANTES (1784-1838), Mémoires historiques sur Napoléon Ier, la Révolution, le Directoire, l’Empire et la Restauration, 1831-1835, Paris, éd. Jean de Bonnot, 1967.
[4] Laure-Permon JUNOT D’ABRANTES (1784-1838), Mémoires historiques sur Napoléon Ier, la Révolution, le Directoire, l’Empire et la Restauration, 1831-1835, Paris, éd. Jean de Bonnot, 1967.
[5] Compte rendu de la situation morale des 641 boulangeries de la ville de Paris, Archives Nationales, AF IV 1240.
[6] Les questions des crises frumentaires sous l’Empire ont particulièrement été bien traitées par Pierre LÉON, La crise des subsistances de 1810-1812 dans le département de l’Isère, A.H.R.F., 1952, n°24, p. 289-310 ; Fernand L’HUILLIER, Une crise de subsistances dans le Bas-Rhin, A.H.R.F., 1937, p. 518-536 ; Léonce BONIFACE, « La disette de 1811-1812 dans les Alpes-Maritimes », dans Annales de la Société des Lettres, Sciences et Arts des Alpes-Maritimes, 1936, p. 266-284.
[7] Victorine DE CHASTENAY (1771-1855), Mémoires de Madame de Chastenay, 1771-1815, publiés par A. Roserot, Paris, éd. Plon et Nourrit, 1896, p. 469.
[8] Les disettes dans le département de l’Ardèche sont le résultat des ravages de la grêle sur ces communes les plus montagneuses (bulletin du jeudi 2 juillet 1812, Archives Nationales, AF IV 1523). – Nous verrons à ce sujet, Le Premier Empire en Ardèche. Choix de documents, Bibliothèque Nationale de France, Paris, 4-LK4-4617.
[9] Claude BAILLY, artisan sellier à Chinon au n°27 de la rue Saint-Etienne, Journal d’un artisan Tourangeau, 1789-1830, présenté et commenté par Luc Boisnard, Chambray-lès-Tours, éd. C.L.D., 1989. Au début du mois de mai 1812, on paie à Chinon : Trois livres et douze sous le boisseau de blé, 6 sous la livre de pain blanc.
[10] Extrait de la lettre de Claude Prud’homme à son fils Jean Boullinier, soldat à la Grande Armée, Saint-Benoît-sur-Loire, Loiret, 14 mars 1812. Léon HENNET et Emmanuel MARTIN, Lettres interceptées par les Russes durant la campagne de 1812, publiées d’après les pièces communiquées par S. E. M. Goriaïnow (directeur des Archives de l’État et des Affaires Étrangères de Russie), annotation par Léon Hennet, introduction par Frédéric Masson, Paris, éd. La Sabretache, 1913.
[11] Extrait de la lettre de la veuve Beuchet à son fils François Beuchet, capitaine au 2e régiment de la Méditerranée, Nuits, Côte-d’Or, 4 avril 1812. Léon HENNET et Emmanuel MARTIN, Lettres interceptées par les Russes durant la campagne de 1812, publiées d’après les pièces communiquées par S. E. M. Goriaïnow (directeur des Archives de l’État et des Affaires Etrangères de Russie), annotation par Léon Hennet, introduction par Frédéric Masson, Paris, éd. La Sabretache, 1913.
[12] Extrait de la lettre de N. Starette à Nicolas Starette, soldat au 37e de ligne, 4e compagnie, 5e bataillon de la Grande Armée, Saulxures, Vosges, 29 juillet 1812. Léon HENNET et Emmanuel MARTIN, Lettres interceptées par les Russes durant la campagne de 1812, publiées d’après les pièces communiquées par S. E. M. Goriaïnow (directeur des Archives de l’État et des Affaires Étrangères de Russie), annotation par Léon Hennet, introduction par Frédéric Masson, Paris, éd. La Sabretache, 1913.
[13] Nous verrons à ce propos les bulletins du 4 janvier 1812, ceux du 1er au 12 février 1812. Nicole GOTTERI, La police secrète du Premier Empire : Bulletins quotidiens adressés par Savary à l’Empereur, tome IV et V, Paris, éd. Honoré Champion, 2001-2003.
[14] Nous verrons à ce propos les bulletins du 23 et 25 janvier 1812, ceux du 11, 12, 25, 27 et 29 février 1813, ainsi que du 4 et 31 mars 1812 – Voir Nicole GOTTERI, La police secrète du Premier Empire : Bulletins quotidiens adressés par Savary à l’Empereur, tome IV et V, Paris, éd. Honoré Champion, 2001-2003. Nous pourrons voir également la lettre du 26 décembre 1812, qu’envoya le maire de Coutevroult (près de Meaux) au grand juge de paix de Crécy sur les menaces d’incendies de toutes fermes sous sa juridiction, Archives Nationales, AF IV 1521.
[15] Archives Départementales des Pyrénées Orientales, 3 M 1-20b, Lettre de Roussillon au Commissaire de Police Renouard du 28 mai 1812. Cette clientèle à laquelle se consacre Lafarge, c’est bien entendu celle des guérillas insurgées. Des actions similaires se retrouvent dans ce département frontalier : « Perpignan – Quelques exportations frauduleuses ont eu lieu dans l’arrondissement de Céret ou des sacs ont été vendus à des villages espagnols. », rapport du commissaire général du 10 février 1812, repris dans le bulletin de Savary adressé à l’Empereur du mercredi 19 février 1812, Archives Nationales, AF IV 1520.
[16] Cette rumeur d’un soulèvement de la région lyonnaise est fausse. Lyon et le Rhône furent l’une des régions les plus calmes durant la crise économique de mars 1812, hormis de légers incidents dans la journée du 7 avril 1812.
[17] Extrait de la lettre du préfet du département du Calvados (Alexandre Méchin) au ministre de l’Intérieur, Caen, 20 juin 1812. Pour faire face à la disette de grains, les seuls recours restaient la consommation de produits annexes comme la châtaigne, la betterave et la pomme de terre. Les cultures de betteraves (incitation politique de 1811) avaient été satisfaisantes dans certaines régions, mais d’autres avaient dues les stopper, faute de traitements chimiques sur place. Les cultures de pommes de terre quant à elles, s’étaient vues officiellement recommandées par la circulaire du 8 février 1812. – Nous verrons à ce sujet, pour la région du Berry : Guy DEVAILLY, Histoire du Berry, Pays et villes de France, Toulouse, éd. Privat, 1980.
[18] Nous verrons à ce sujet le rapport du préfet du département de la Meuse (Jean-Louis Leclerc) du 24 février 1812, Archives Nationales, AF IV 1520.
[19] « Le pain est devenu manifestement plus rare. Quelques mauvais propos se sont aussi répandus. On a dit que les habitants de Paris allaient être réduits à une demi-livre de pain. De là, la peur, l’envie de faire des provisions et enfin les queues à la porte des boulangers. Aujourd’hui elles ont été générales et plusieurs très tumultueuses. », Archives Nationales, F11 297.
[20] La plus connue fut celle « à la Rumford ». Elle était constituée de pois, d’haricots, de lentilles, de carottes, de choux ou de pomme de terre. On lui attribuait une valeur nutritive identique à une livre de pain, mais aucune valeur gustative : « Rochefort – L’administration de la Marine a distribué, le 15 avril, gratuitement, 200 soupes à la Rumford faites avec soin, presque tous ceux qui les ont reçues les ont jetées en tenant les propos les plus grossiers. La ville se propose cependant d’en faire une nouvelle distribution. », rapport du commissaire général repris dans le bulletin de police du vendredi 1er mai 1812, Archives Nationales, AF IV 1521.
[21] Bulletin de Savary adressé à l’Empereur du jeudi 30 janvier 1812, Archives Nationales, AF IV 1519.
[22] « Toulouse – Le prix du blé est de nouveau en hausse. Le maire s’occupe de secourir les indigents, il a ouvert une souscription que presque tous les habitants ont offerte pour leur fournir du pain ; après plusieurs essais, il a réussi à faire fabriquer un pain moins cher (3/5 de froment et 2/5 de millet), sain et nourrissant, il coûte environ 1/5 de moins que celui de froment. », bulletin de police du vendredi 31 janvier 1812, Archives Nationales, AF IV 1519.